Le parcours des expositions du festival

 Elles ont lieu du 17 mars au 3 avril 2022

(à l'exception des Installations Jeune Vidéo à la salle Camille Claudel).

Chapelle de l’Oratoire

14, Rue de l’Oratoire, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du lundi au samedi de 13h à 19h - Le dimanche de 14h à 18h

Anne-Sophie EMARD

☆ Les éperdus ☆

2021 | FRANCE
Installation audio-visuelle

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Les éperdus est une installation immersive faite d'images, de son, de lumière, de vent et de brouillard. Deux grands écrans diffusent un film au cœur d'un dispositif dont l'objectif est de faire ressentir au spectateur des variations climatiques. Une machinerie proche de celle d’un théâtre génère du vent, du brouillard et de la lumière, en temps réel en fonction de données transmises par internet depuis une station météo proche du sommet du Mont-Blanc.

 

De quoi ça parle ?

Les éperdus, c'est un projet qui a pris corps au pied du Mont Blanc.

J’ai observé le paysage et surtout les gens qui vivent dans cet écosystème.

J’ai beaucoup écouté toutes sortes de personnes qui vivent dans la montagne, qui en vivent parfois comme des familles dont le père est guide de haute montagne.

J'ai pris conscience de l'importance du ressenti des gens face à ces montagnes, de la manière dont ils vivaient cet environnement.

J'ai collecté des récits de vie et des expériences.

J’ai mesuré combien le climat si particulier (tempête dans la montagne et beau temps dans la vallée) pouvait générer une sorte de tension sourde avec laquelle il faut vivre, au gré de changement rapides et surprenants parfois. 

J’ai donc voulu rendre compte de ces vies directement impactées au quotidien par ces changements climatiques. 

En montrant de cette manière mon film qui traite en fait de vécus intimes, j’espère déclencher un sentiment d’empathie, et au-delà une prise de conscience, une réflexion sur notre propre rapport à la nature.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Une première version a été exposée plusieurs mois en 2021 dans le centre d'art Pile-Pont Expo de Saint-Gervais-les-Bains en Haute-Savoie, dans l'environnement dans lequel je l'ai créé. Ce lieu d'exposition a conditionné le dispositif de l'œuvre car il est très atypique, il ressemble à une cathédrale de béton, on se trouve à l'intérieur du pilier d'un immense pont qui surplombe une gorge profonde. 


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Je citerai deux œuvres que j'admire et qui m'inspirent : L'installation "The weather project" d'Olafur ELIASSON ; Le film "Les climats" de Nuri BILGE CEYLAN.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
Les éperdus est un dispositif complexe, je ne suis pas seule à travailler sur cette création, j'ai du m'entourer d'une équipe : régisseur, développeur informatique, musiciens, comédien, ingénieur, graphiste...

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Changements climatiques, vécus intimes, empathie.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Je me suis intéressée au numérique fin des années 90. Toute mon activité professionnelle est reliée à mon travail d'artiste.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/anne-sophie-emard/

Chapelle de l'ancien Hôpital-Général

Rue Sainte-Rose, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 13h à 19h - Le dimanche de 14h à 18h

Gabriela GOLDER

☆ 52 shades of blue ☆

2021 | ARGENTINE

Une œuvre chorale des cieux par Gabriela GOLDER Implantation de réseaux neuronaux : Mario GUZMÁN. 

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ? 

Il s'agit d'une installation vidéo de 7 écrans synchronisés.

On voit des cieux, 98 cieux, principalement de Buenos Aires, mais aussi des autres villes d'Argentine et du monde. L'œuvre est silencieuse. 

 

De quoi ça parle ?

Depuis le début de la pandémie, ma routine consiste à regarder le ciel. Regarder le ciel calme. Et c'est ainsi que j'ai commencé à collectionner les ciels, mes propres ciels, les ciels d'amis d'autres villes, d’autres pays. Nous regardons tous le ciel.

  

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Elle a été présentée à Buenos Aires et a Riyadh, Arabie saoudite. 

 

Qu'est-ce que le ciel a à nous dire ?

Pour répondre à cette question, j’ai entrainé une machine à voir et à parler, à être un interprète poétique. J’ai utilisé deux systèmes. Une architecture de mémoire à long terme (LSTM) entrainée à la théorie des couleurs, à l'astronomie, aux voyages, à la météorologie et à l'ornithologie, et un réseau neuronal fonctionnant comme une entité de vision artificielle. Ces deux systèmes ont transformé la machine en un interprète de vidéos de ciel provenant de différentes parties du monde, générant un dialogue entre le ciel, la technologie et les textes scientifico-poétiques.


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

En 1789, Horace-Bénédict DE SAUSSURE a inventé le cyanomètre. Le cyanomètre est un nuancier destiné à l’évaluation de l’intensité de la couleur du ciel bleu. Il se compose de carrés de papier teint dans des tons de bleu gradués et disposés dans un cercle ou à un carré de couleur qui peut être comparé à la couleur du ciel.

Le cyanomètre de DE SAUSSURE comportait 52 sections allant du blanc à différentes nuances de bleu (teintées au bleu de Prusse), puis au noir, disposées en cercle.

 

Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
Ce n'est pas une difficulté, mais je me suis beaucoup demandé comment faire ce travail dans différentes langues. Au début, il n'existait qu'en espagnol. J'ai décidé de jouer et de m'autoriser des licences poétiques.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Ciel, bleu, couleurs, temps, pandémie, quarantaine, lenteur, regard, machine, dialogues, traductions 


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Vidéo, image en mouvement, regard, silence, textes, mémoire, identité, travail

J'ai commencé à expérimenter avec l'image en mouvement en 1991. 

Je vis de l'enseignement à l'université, de mon travail d'artiste et de mon travail de commissaire d'expo.

Selon les mots de l'artiste brésilien Ricardo BASBAUM, je suis une Artiste, etc

"Lorsqu'un artiste est un artiste à plein temps, nous pourrions l'appeler un artiste-artiste, lorsque l'artiste s'interroge sur la nature et la fonction de son rôle, nous pourrions dire qu'il est un artiste-etc." ; c'est-à-dire un artiste qui non seulement développe un rôle social à travers son travail, mais aussi à travers son travail, lié à d'autres expériences, comme la gestion, l'enseignement, le commissariat, la production théorique, etc."

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/gabriela-golder/

 

Agnès GUILLAUME

Adam et Eve ☆

FRANCE
Vidéo pour deux écrans couleur

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Sur deux écrans verticaux, un couple, un tissu rouge, un homme et une femme noirs, un chemin dans le paysage toscan. Dans le troisième plan, ils sont chacun d'un côté d'un arbre en train de déplier et replier le même tissu rouge. Entre les deux nous les aurons vu très rapidement sortir de l'eau comme entraînés par le tissu. La bande son est une improvisation au clavier. 

 

De quoi ça parle ?

De la relation de couple.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Ce n'est pas la première fois, elle a déjà été régulièrement exposée. 

Le dyptique Adam et Eve s’appelait au départ Homme et Femme. Il y avait ce couple, noir, marchant chacun dans son écran/espace intérieur, il y avait le paysage toscan et le rideau rouge, et le rose le bleu et l’ocre de leurs vêtements repris de la peinture de la renaissance italienne, il y avait l’arbre invisible entre eux, les deux caméras et les objectifs différents, il y avait la sortie de l’eau verte. Puis le tissu rouge s’est imposé comme fil conducteur entre les trois plans, symbole de la relation ? Puis le titre s’est imposé, Adam et Eve, comme le couple originel, la matrice de tous les couples à venir. 


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Dans cette vidéo je me réfère explicitement aux tableaux de la renaissance italienne : plissé du rideau rouge, ocre bleu et rose des vêtements, paysage toscan.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
Dans mes vidéos je filme toujours des gens qui ne sont pas des acteurs professionnels, je les choisis parce qu'ils représentent exactement ce que je veux filmer et je leur demande de faire à leur façon les actions indiquées. J'ai trouvé Eve facilement, Adam ce fut nettement plus difficile. J'ai arrêté au moins un demi-douzaine d'hommes dans la rue sans succès et pour finir j'ai quand même dû faire un casting d'acteur. 

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?

Adam et Eve, couple, chemin, Toscane, Italie, Art Vidéo, installation, méditation, durée.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

J'ai été d'abord musicienne et chanteuse d'opéra avant de découvrir l'art vidéo en 2010. Aujourd'hui mes œuvres sont imprégnées de tout ce que j'ai fait dans ma vie. J'ai beaucoup d'expositions et mon travail a déjà été vu par beaucoup de monde dans différents pays et continents. Juste avant le COVID-19 j'arrivais à vivre de mon art cependant depuis la pandémie cela a ralenti. 

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/agnes-guillaume/adam-et-eve/

Eleonora MANCA

☆ Haiku With Suspended Time ☆

ITALIE
Installation vidéo et sonore sur trois écrans

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Mon projet est tel un journal désordonné. Essentiellement parce que tout désordre possède son propre ordre, interne et mystérieux, tout comme les perceptions et la mémoire seraient désordonnées. Nous pouvons voir, entendre de petits moments de résistance et de métamorphose. C’est comme une anthologie du manque, comme ces notes que vous prenez à la hâte et que vous collez sur votre mur, puis que vous apprenez à lire avec un regard prismatique et des émotions étrangères. Mon travail nécessite toujours un vide, prêt à être rempli avec ce que l’observateur choisit d’entendre et de comprendre, car dédier un espace vide à un être ou une mémoire revient à le rendre concret. Mon travail est semblable à un choral parce que c’est un modèle et tout le monde peut découvrir quelque chose sur soi-même et sur son histoire. C’est pourquoi j’évite toujours d’ « éduquer » le spectateur à la vision, chacune est libre de suivre tous les liens illogiques possibles. Je vous invite seulement à rester à l'écoute, dans le but d'être à l'écoute de vos émotions. 

 

De quoi ça parle ?

Principalement, Il s’agit essentiellement de l’acceptation du chaos. Les trois vidéos de ce projet examinent les stratifications de la perception. C’est le sentiment d’être sur la crête entre les yeux et l’acte de regarder. Il s’agit également de remettre en question les concepts d'identité et d'appartenance, mais c'est aussi une volonté de renoncer à fixer les événements selon une perspective unique, en laissant place à la prise de conscience de l'incertain à travers la recherche d'une nouvelle peau et, surtout, le temps nécessaire pour changer de peau.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Non, ce n’est pas la première fois que cette vidéo est présentée au public. Elle a déjà été présentée aux Festival des Instants Vidéo Numériques Et Poétiques de Marseille, en novembre 2021.  Haiku with Suspended Time est apparu comme une tentative de contrôler et d'ordonner le chaos qui nous a tous envahis depuis le début de la pandémie. La création de chaque vidéo a été précédée de nombreux actes poétiques, à travers lesquels j’ai essayé de retrouver une dimension existentielle faite de très peu de concessions. J'ai réduit le champ de toutes mes attentes et me suis concentrée sur des réflexions concernant mon rôle d'artiste dans un contexte social composé de peur, de maladie et de colère. Au cours de la première année de la pandémie, mon instinct de création, mon désir de créer ont été réduits. J’étais figée et ne pouvait rien concevoir. Alors j’ai beaucoup lu. J’ai beaucoup écrit (écrire est essentiel pour moi ; les images et les mots sont emblématiques pour moi) et puis, peu à peu, j’ai ressenti le besoin de donner un « ordre provisoire » à tout ce qui avait évolué en moi et qui jusque-là nous avait traversés. 


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Depuis mon enfance, mon intérêt s’est principalement porté sur les images, les mots et leurs interprétations. Dans mon cursus, j’ai donc toujours essayé d’emmagasiner et de combiner le plus d’informations possible, afin de créer une sorte de compendium pouvant guider tous les intérêts que je développais. J’ai nommé ce comportement – comme une éponge quelque peu décousue - « ma liste de courses ». En même temps je dessinais, peignais, créais des collages en combinant des images découpées et des vers de poètes qui me parlaient. Tout cela était déjà de la poésie visuelle, même si je ne le savais pas. En même temps, mon geste artistique a toujours été réflexif, même s’ils ne sont pas autoréférentiels ; mon corps est un support de l’art défini mais aussi infini. Le corps peut vraiment être un média, je l’utilise comme moyen de me questionner en continuité. Il y a également beaucoup d’études sur la gestuelle. Par exemple, la biomécanique de Mejerchol'd  m’a enseigné la possibilité d'atteindre un point où le corps agit dans un mouvement presque inconscient.  Inorganique de Carmelo BENE la réitération presque obsessionnelle d'un geste, ses fragmentations, en le réduisant presque à un élément extérieur au corps. L’autoportrait d’Egon SCHIELE m’a enseigné la tension dramatique du muscle, la souffrance d’un tendon étiré presque au-delà du croyable. Francis BACON m’a enseigné la puissance d’un visage flou, à peine effleurée, figée dans tous les cris possibles. Imogen CUNNINGHAM m’a enseigné son intérêt pour les mouvements, les expressions faciales si quotidiennes qu'elles sont - par contrepoint - iconiques, comme si elles faisaient partie d'un autre être. Claude CAHUN m’a enseigné la sévérité du jeu. Robert MAPPLETHORPE m’a enseigné l’acharnement du détail. Annette MESSAGER (et plus généralement un certain Art Conceptuel) à considérer la photographie non comme une image simplement figée, mais comme une source d’expériences d’installation continue. Maria LAI m’a enseigné la patience de « tisser » une histoire capable d’avoir un langage universel. Gina PANE m’a enseigné l’importance de partir d’un « moi » au singulier pour devenir immédiatement pluriel. Ketty LA ROCCA m’a enseigné la liberté d’explorer tous les champs possibles du média à s’associer avec le premier degrés du langage corporel. Et tous les poètes m’ont appris à quitter une pièce vide.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
Au-delà de la fatigue physique et mentale causée par la période de pandémie, les défis sont toujours les mêmes. C’est comme si vous ne retourniez que l’intérieur, une représentation qui se surmonte dans sa transformation. En fait, il n’y a pas de faits personnels s’ils sont racontés. En même temps, il s'agit d'être à la fois le lieu, la chair et l'image du résultat artistique final. Le regard porté sur moi est donc introspectif dans la mesure où j'ai tendance à me concentrer sur la restitution d'une œuvre qui n’est pas focalisée sur elle-même, car c'est un regard qui est capable de décomposer le sujet, qui prend une nouvelle forme par laquelle il naît, grâce aussi à l’œil du spectateur. "Je me montre" (au sens phénoménologique) donc j'existe et je n'existe pas, mais cela n'est possible que dans un, deux, une centaine de fragments de moi qui se dispersent, qui se reconstruisent liés par des accents qui me sont souvent incompréhensibles pour moi, mais qui supporte le temps nécessaire à la métamorphose. Entreprendre un travail performant où l'acteur principal est aussi celui qui enregistre l'acte nous place devant une sorte de réalité : la photographie - et la vidéo - ne sont pas la recherche spasmodique de mon expérience, mais un outil à la hauteur de mon existence. L’image qui naît ne m’appartient pas et a donc la possibilité et la tâche d'avoir un raisonnement. Pour s’adresser à tous. Et tout cela n’est jamais facile à rendre.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?

Écoute, conscience, métamorphose, mémoire, mémoire du corps, soin, étonnement, connaissance, perceptions, poésie visuelle, art narratif, percevoir, murmure, écho, mimésis, conversation, journal intime, renaissance, mystère, acceptation, redécouverte, regard.

 

Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Après une longue recherche picturale, il y a eu une époque très intense de poésie visuelle. J’ai utilisé du papier japonais, mes propres phrases ou des découpages de vers de poètes et d’écrivains. Par exemple, J’aimais combiner un vers de Dylan THOMAS avec un autre de Janet FRAME créant ainsi des petits hybrides poétiques. C’était à cette époque - de mot pour image (et vice versa) - que j’ai commencé à photographier plus intensément que les années précédentes. Je me suis familiarisée avec la technique et j’ai essayé de synthétiser tout ce qui jusqu’alors m’avait envahie, m’avait formée. Cependant, j’avais de plus en plus le désir de créer de la poésie en mouvement. Ne sachant pas par où commencer, je me suis limitée à réaliser des micro-récits avec des photos. Une sorte de bobine défaite. J'ai durement travaillé sur le besoin de s'arrêter un moment, un geste répété. J’ai photographié les feuilles déplacées par le vent, les draps suspendus pour sécher, les rideaux en mouvement et je les aies joints en espérant qu’un seul œil pouvait leur donner le mouvement que je recherchais. De là, j’ai évolué vers le mouvement de mon corps. La transition à la vidéo était donc inévitable. Et ce fut une étape fondamentale qui me permettait d’expérimenter, d’assembler tous les médias avec lesquels j’avais eu affaire au fil des ans. Si la question « vivez-vous de votre art ? » signifie d’un point de vue économique, Je dirais non ! Mais si elle demande si l’art fait partie intégrante de ma vie, et qu’il me nourrit, alors c’est définitivement oui.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/eleonora-manca/

Chapelle de Beaurepaire

Square Aimé Coulaudon, Clermont-Ferrand · 

 

Nikzad ARABSHAHI & Mehrnaz KHORRAMI 

☆ Autogenesis ☆

2022 | IRAN | PAYS BAS

Installation vidéo sonore, structure métallique en arc de cercle, images générées en temps réel par algorithme | En collaboration avec Mehrnaz KHORRAMI (création son)

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Au sens large, Autogenesis a été conçu pour s’exercer à développer un écosystème synthétique et artificiel comme œuvre d’art. Étant donné qu’il s’agit d’un projet génératif en temps réel, on peut s’attendre à des résultats visuels instinctifs importants de son système central, qui tente de développer des formes, des couleurs, des textures et des compositions génératives inventives et infinies. 

Autogenesis n’a pas de point de départ ou de point d’arrivée.  Elle ne se répète pas et son processus de création est assez lent, il n’y a pas de moyen de faire l’expérience de la pièce dans l’ensemble, mais l’expérience que vous vivrez restera totalement unique. 

 

En ce qui concerne Autogenesis en tant qu’installation physique, il y a une combinaison intrigante entre le design futuriste de la structure et l’architecture spirituelle de l’endroit (dans ce cas La Chapelle du Couvent de Beaurepaire) faisant exception à l’essence sous-jacente de la création/genèse.

 

De quoi ça parle ?

Afin de mieux comprendre comment Autogenesis s’est formé, nous allons premièrement passer en revue l’idée de départ pour faire d’Autogenesis un projet de recherche. Au sens large, Autogenesis a été conçue pour s’entraîner à développer un écosystème synthétique artificiel basé sur une méthode de recherche spécifique, encadré par des règles/protocoles explicites. Bien que ces protocoles soient dissimulés comme étant un cadre conceptuel de départ, ils créent une base pour donner aux composants/organismes un certain degré d’autonomie, un certain contrôle sur leur propre production afin de croître, de se développer et afin de performer comme un groupe d’agents autopoïese.

 

Le concept d’autonomie tel qu’il s’applique au projet vise le processus d’auto-organisation qui conduit à l’intelligence artificielle et qui doit être déterminé par des termes similaires qui sont utilisés sans effort dans ce qui se réfère à la capacité de se déplacer et d’interagir sans avoir recours à une télécommande. La notion d’autonomie nous fait comprendre en profondeur un système individuel qui est capable d’interagir en fonction de ses objectifs et principes sous-jacents, un système qui peut être un véritable agent, plutôt que d’être un système dont les fonctions sont définies de façons hétérogènes à l’extérieur. L’autopoïèse doit constamment se reconstruire et maintenir un modèle en échangeant des matériaux avec le milieu environnant. Elle doit répondre aux stimulus, s’adapter à son environnement, se reproduire et transférer des informations imparfaites à son enfant/ sa progéniture. 

(A propos du cadre conceptuel pour le développement de l’Autogénése/ des protocoles pour la conception du système) 

 

 Les protocoles établis pour créer Autogenesis ont été basés sur une définition mathématique très simple qui définit « la vie » comme un processus/système consommant de l’énergie pour maintenir des modèles. Ils sont essentiellement reliés et inspirés par des thèmes assez communs de la Vie Artificielle tels que les origines de la vie, l’autonomie, l’organisation, l’adaptation (évolution, développement, et l’apprentissage) qui sont plus concentrés sur les propriétés du système vivant.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Autogenesis 2022 a été conçu spécialement pour VIDEOFORMES 2022, c’est un projet visuel public (ce projet sera montré au public pour la première fois).

Ce projet/installation est une subdivision de la série/recherche Autogenesis que j’ai commencé en 2006 quand j’étais occupé à rechercher les mécanismes profonds des décisions comportementales à travers le processus de création artistique.

Le premier résultat de cette recherche était le projet Refactor, une installation audio/visuelle.

Mon idée au départ était de reconstruire l’essence de mes peintures en tant qu’écosystème artificiel. Je cherchais des possibilités pour générer l’art visuel en tant que « calcul vivant » au-delà de la solution chimique. Et pour donner un certain degré d’autonomie aux composants visuels, et un certain contrôle sur leur production afin qu’ils puissent croître, se développer et fonctionner comme un groupe d’agents individuels, et en quelque sorte retirer mon rôle de l’équation de la création en construisant un système de vie artificielle comme œuvre d’art. 


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

La science moderne et la nature sont mes plus grandes inspirations, particulièrement la branche des sciences naturelles et les mathématiques. Aussi, une partie de mes idées s’inspire par la Vie Artificielle, la science informatique et l’art génératif. 


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
En ce qui concerne mon approche actuelle du processus de création artistique, les obstacles majeurs surviennent au moment où je veux créer le corps physique de mes œuvres. En général, il n’y a pas beaucoup de dispositifs préfabriqués qui répondent à mes besoins, donc pour chaque projet, j’ai besoin d’élaborer des plans (S.M.A.R.T) afin de construire mon patrimoine sur mesure dans un temps limité.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

https://www.cultureinside-gallery.com/artists/arabshahi-nikzad


Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Installation visuelle, Codage créatif, Art génératif, Vie Artificielle, Vie Souple, Pensée algorithmique.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

J’ai de l’expérience en beaux-arts et en infographie, j’ai étudié l’infographie dans le cadre de mes études secondaires et j’étais assez familier avec le concept de codage/programmation, cependant, en 2008 j’ai commencé à apprendre et expérimenter les arts numériques de façon plus approfondie et je me suis intéressé au codage créatif, l’art génératif et j’ai finalement plongé dans la notion d’industries créatives ! 

Je pense que la réponse à cette question se cache dans la définition que chacun donne du mot « vivre ». Dans mon cas, avec mes attentes de la vie, je peux dire oui positivement ! je suis assez satisfait d’avoir dédié ma vie à l’art et aux industries créatives.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/nikzad-arabshahi/

Salle Gilbert-Gaillard

2, Rue Saint-Pierre, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 13h à 19h - Le dimanche de 14h à 18h

Golnaz BEHROUZNIA

☆ Geomorph Momenta ☆

2021 | FRANCE | IRAN

Installation visuelle et sonore immersive en écho avec l’environnement terrestre | Création sonore et programmation du système de traitement audiovisuel : Maxime CORBEIL PERRON | Génération de données issues de modèles bio-géologiques : Antoine COGEZ| Conseils artistique et technique : Rémi BOULNOIS

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

C'est un environnement parallèle où l'on vit une expérience sensorielle immersive : visuelle, sonore, volumineuse. Cinq objets comme cinq stalactites, ou cinq montagnes avec leurs reflets dans l'eau. Des objets de grandes tailles flottant dans le noir devant nous, sont animés par des images en mouvement, des images autant organiques que minérales. Le son amplifie l'expérience visuelle et nous fait voyager dans les hauts et les bas de cet environnement. Il y a des moments plus calmes, des liquides et des vapeurs (en son et en image), des moments plus perturbés, tourmentés, des clashes.

 

De quoi ça parle ?

Des montagnes et de leurs racines, des eaux souterraines, de végétaux et animaux. Enfin de couplage de tout cela au sein de la nature. De leurs équilibres entièrement liés. De tout comme un corps : des organes de la terre. D'imaginer rencontrer un rêve de planète : ses ruisseaux, ses roches, ses végétaux, ses micro-organismes, ses êtres vivants.

L’installation dans son ensemble donne à ressentir le flux des intrications de la vie et de l’environnement, de l’organique et du minéral, à l’origine des équilibres et des déséquilibres que nous vivons, pourtant imperceptiblement, dans notre environnement.  

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

C'est la deuxième fois. 

J'avais envie de parler des volcans, de la montagne, de réseaux d'eaux souterrains, mais surtout la relation de tout cela avec la vie sur terre, leur interaction. 

Et j'avais envie d'avoir l'apport et le regard des scientifiques pour pouvoir mieux former ma proposition. 

Geomorph Momenta est une installation audiovisuelle dont les images vidéos et les sons sont influencés par des données de modèles bio-géologiques.

Pour ce faire, j'ai eu dans un premier temps des échanges avec François MARQUET, scientifique au CPIE de Haute Auvergne, lors sa résidence à Vic-sur-Cère. 

Il m'a notamment communiqué des données de qualité de l’eau, sur plusieurs points de la Cère. 

J'ai aussi eu des interactions et des discussions avec Nicolas LE CORVEC, volcanologue, ainsi que des membres du Laboratoire Magmas et Volcans de l’université Clermont Auvergne.

Dans un second temps, j'ai pu échanger avec Antoine COGEZ, géochimiste et anthropologue. Il m'a permis de connaitre l’existence de modèles scientifiques permettant d’étudier les imbrications et les interconnexions des différentes composantes biologiques et géologiques Antoine COGEZ a ainsi créé pour mon projet, à partir de certains de ces modèles, des données qui pourraient refléter ces couplages complexes entre de multiples composantes comme les rivières, le monde minéral, des facteurs écologiques... J'ai créé plusieurs phases visuelles en vidéo pour les deux parties des différents objets coniques, comme autant de composantes biologiques et géologiques. 

Les données calculées par les modèles bio-géologiques ont été incorporées dans un programme informatique de traitement visuel développé par l’artiste canadien Maxime CORBEIL-PERRON, afin de créer des affectations sur mes vidéos, influant sur les paramètres des différentes vidéos. 

La création sonore est assurée par Maxime CORBEIL-PERRON, que j'ai invité au projet. La collaboration avec le scientifique Antoine, et le musicien programmeur Maxime, d’horizons variés a permis la création d’un support audiovisuel qui est projeté sur les installations coniques via un programme de déclenchements aléatoires. 

Rémi BOULNOIS a apporté son conseil artistique et son aide technique tout au long du projet.


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Pour cette œuvre, je ne sais pas exactement si j'ai eu des influences directes.

De manière générale et dans ma démarche je suis sensible au travail de

Louis BEC (artiste Français), Karl SIMS, Jean PAINLEVÉ. Matthew BARNEY (plus contemporain), Henrique OLIVEIRA (plus plasticien de l'espace) ; de jeunes artistes contemporains travaillant avec les arts et les sciences (Robertina SEBJANIC, Hicham BERRADA) et plein d'autres comme le maître Jérôme BOSCH ou le contemporain italien SERAFINI avec son Codex seraphinianus.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?

Comment travailler en équipe et coordonner tout le monde, laisser la juste place à chacun sachant que je suis la créatrice de la pièce. Comment expliquer ce que je veux aux scientifiques aussi. 

Comment je peux créer un moment aux formes géologiques à vivre : GeoMorph Momentasans donner trop d'éléments directs au sein de l'œuvre, de réussir à naviguer entre l'abstraction et les formes de la nature, de proposer une œuvre autonome, tout en l'ancrant dans le réel.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

 

Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?

Géosphère - biosphère - hydrosphère - l'eau - art immersif - œuvre art-science - données biogéologiques


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Depuis plusieurs années, je suis portée par une fascination du vivant et de son fonctionnement. 

De la complexité orchestrée au sein de la vie, par l'agencement des processus simples, de la notion de l’interdépendance dans les systèmes naturels. J’ai un intérêt pour l’observation des liens intrinsèques au sein de l’écosystème terrestre. 

Cette fascination m’a conduite à concevoir des propositions artistiques, d'abord en formes plastiques de sculptures et d’objets, et puis vers les années 2010, j'ai senti le besoin d'élargir mes médiums, je me suis orientée vers les arts numériques. 

Aujourd'hui j'ai des propositions en installations immersives interactives, performances audiovisuelles, œuvres audiovisuelles génératives, pour tenter de proposer de nouvelles projections, de nouveaux imaginaires.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/golnaz-behrouznia/

Mihai GRECU

☆ Saturnism ☆

FRANCE | ROUMANIE

Film en réalité virtuelle

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

C'est une oeuvre en réalité virtuelle.

Une immersion dans l'une des peintures les plus noires de l'histoire de l'art - Saturne dévorant un de ses fils de Franciso de Goya - On se retrouve seuls avec Saturne dans un paysage froid et brumeux.

 

De quoi ça parle ?

La peinture de Goya, Saturne dévorant son fils, est considérée comme l'une des plus terrifiantes de l'histoire de l'art. Selon le mythe, Saturne dévore son fils par peur d'être renversé par celui-ci. La peur de perdre le pouvoir fait perdre à Saturne le contrôle de son esprit. L'intrigue de l'expérience VR basée sur ce célèbre tableau, plonge dans les peurs, les angoisses des différents personnages (Saturne, l'enfant, le témoin).

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Oui, à cause de la pandémie, nous n'avons pas pu présenter cette installation auparavant. C'était un travail intensif de plusieurs mois pour reconstituer et animer en 3D la peinture de Goya.


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Dans cette œuvre est directement inspirée de GOYA, bien sûr. Mais en général, j'aime des créateurs dans tous les domaines artistiques et du cinéma.

J'aime par exemple les films de Werner HERZOG, David LYNCH, Bela TARR ; l'art vidéo de Bill VIOLA, Doug AITKEN, Eija Liisa AHTILA; les créations numériques de Ryoji IKEDA, Kurt HENTSCHLAGER, David O'REILLY ; l'art "physique" d'Anish KAPOOR, Robert RAUSCHENBERG, Robert SMITHSON... et bien d'autres encore. 


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
C'est très complexe de recréer l'espace autour de Saturne. Le tableau original ne laisse pas de détails sur l'environnement, du coup j'ai créé une planète austère et sombre où ce titan cauchemardesque vit.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?


Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Réalité virtuelle, VR, Saturne, GOYA, horreur.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

J'ai toujours fait de l'art depuis que je suis petit. Je dessinais au début, puis vers 2003 j'ai commencé à faire de l'art vidéo et des images de synthèse (à l'époque j'ai découvert que je pouvais réellement manipuler numériquement l'image en mouvement...).

J'ai une formation artistique assez solide : plusieurs diplômes en beaux-arts et en cinéma en France et en Roumanie. L'activité créatrice ne me permet pas malheureusement de vivre, je dois faire beaucoup de travaux commerciaux à coté.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/mihai-grecu/

Maurice BENAYOUN

☆ Value of Values (VoV#2.0) 

2021 | FRANCE

Création Interactive Crypto Art Project de Maurice BENAYOUN, avec Tobias KLEIN, Nicolas MENDOZA et Jean-Baptiste BARRIERE

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Value of Values est une installation interactive. Le public est invité à s’installer devant un écran et à s’équiper d’un casque d’Electro-encephalographie : un dispositif léger qui permet de capter les ondes électriques produites par notre cerveau. On peut ainsi communiquer avec la machine : la station de design neuronal qui prend en compte nos réactions. La station génère des formes qui évoluent sur l’écran. Un mot nous est proposé, c’est plus précisément un mot correspondant à une des valeurs humaines telles que : l’Amour (LOVE), l’Amitié (FRIENDSHIP) le Pouvoir (POWER), l’Argent (MONEY). Ces valeurs qui guident nos choix n’existent que dans le cerveau humain. Elles n’ont pas de forme visible. Mais quand on observe sur l’écran la forme évoluer on perçoit qu’elle pourrait représenter plus ou moins bien ces valeurs. Nos réactions, positives ou négatives orientent l’évolution. A la fin de l’expérience, la forme produite est enregistrée sur la Blockchain. Elle est nommée et numérotée. Un ticket est alors imprimé avec un QR Code, qui nous permet d’ajouter ce jeton (TOKEN NFT) à notre collection sur le téléphone. Nous devenons propriétaire de cette version de la forme. On peut alors décider de l’offrir, de l’échanger ou de la vendre. Si j’échange MONEY (argent) pour obtenir PEACE (Paix) Value of Values génèrera une phrase de poésie transactionnelle telle que : Je suis prêt à donner de l’argent pour avoir la paix (I’m ready to give MONEY to get PEACE). Si je vends LOVE, je contribue à déterminer la valeur de l’Amour qui pourra se comparer aux 42 autres valeurs. Sur le site web VOV.ART je peux suivre le cours des valeurs humaines comme le cours de la bourse. Je peux aussi utiliser la forme créée pour en faire une image bidimensionnelle (TWODEES) ou tridimensionnelle (THREEDEE) : une sculpture. Le fait de convertir une idée en objet se nomme réification.

 

De quoi ça parle ?

 

Value of Values, nous permet de prendre conscience de l’importance des valeurs humaines et de leur hiérarchie. Le projet nous permet de connaître en fonction des personnes, des villes, des pays, quelles sont les valeurs les plus importantes. Et on découvre vite que cela change d’une personne ou d’un pays à l’autre, ce qui explique les choix, que les individus font et les décisions que les politiques prennent. Les valeurs humaines sont à vendre pour mieux en connaître la valeur.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

C’est un projet qui a évolué au cours de ces 6 dernières années. De la Brain Factory à Value of Values, il s’est enrichi de volets tels que l’utilisation de la Blockchain, les transactions. Ce qui pouvait ressembler au départ à un nouveau procédé de sculpture par la pensée, est devenu un questionnement sur l’éthique, les valeurs morales et la finance. Il offre maintenant la possibilité pour le public non seulement de contribuer au design des valeurs, mais aussi de produire leurs propres créations sur la base du résultat de leur expérience.


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Il faudrait cherche du côté de l’économie, de la science et de la philosophie. Le concept de Réification a été initié par Karl MARX, puis développé par LUKACS et Guy DEBORD, l’histoire des transactions humaines vont de l’utilisation des cailloux, calculus et autres coquillages jusqu’à l’invention du langage, de l’écriture, de l’argent, la découverte de l’atome et l’utilisation du binaire en informatique. Tous ces procédés pour décrire le monde sont aussi destinés à faciliter les échanges. Je parle alors de « création transactionnelle » où l’échange nous permet de représenter le monde comme le peintre tente de traduire ce qu’il perçoit de la lumière et de la couleur réfléchies par le monde.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?

Les difficultés sont multiples : trouver des solutions technologiques et scientifiques pour capturer les ondes électriques du cerveau, les interpréter pour orienter l’évolution de la forme faite de particules sur l’écran, convertir cette forme en « token », l’équivalent d’une unité de valeur, et permettre des échanges, des partages. Le projet est d’autant plus complexe qu’il engage des champs de connaissances différents et qu’il intervient, au-delà du lieu d’exposition au niveau planétaire.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

 

 


Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Art interactif, art global, esthétique transactionnelle, art-science, NFT, Blockchain, art génératif, 3D Printing, poésie numérique.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Je viens des arts plastiques, j’ai pratiqué la peinture à l’huile et l’acrylique, puis la photographie, la vidéo, l’animation 3D sur ordinateur (avec les QUARXS, une des toutes premières séries en images de synthèse que j’ai conçue à la fin des années 80) puis je suis passé aux dispositifs de réalité virtuelle (1993…), puis réalité augmentée, installations urbaines. Je vis principalement de l’enseignement des arts plastiques et nouveaux médias en tant que professeur à la School of Creative Media, City University of Hong Kong, ce qui me permet d’avoir un laboratoire pour développer des projets ambitieux. Je vis aussi de commandes publiques ou privées. Cette situation me donne une grande liberté car je peux prendre le risque d’explorer des territoires sans dépendre du marché.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/maurice-benayoun/

Hôtel ARTYSTER

6, Rue Sainte-Rose, Clermont-Ferrand · 

Agnès GUILLAUME

☆ Days after days - Gesture #6 

2018 | FRANCE

Gesture#6 est l’une des 6 vidéos de la série Days After Days

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Il s’agit de 6 projections sur des écrans de 480 X 360 cm chacun. Sur chaque écran il y a une personne occupée avec quelque chose : construire une tour en kaplas, défaire des nœuds, fabriquer un oiseau en terre glaise, diriger de la musique, être dans une carrière de marbre ou avec un troupeau de moutons.

 

De quoi ça parle ?

Mes images décrivent notre monde intérieur et sont une invitation pour le spectateur à se projeter dans son propre monde.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Oui, il s’agit de la première pour cette installation. C’est une œuvre à laquelle je travaille depuis plusieurs années qui a évolué de deux, puis quatre à maintenant six écrans. je continuerai à lui ajouter de nouvelles scènes.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?

L’étape la plus importante pour cette œuvre a été de comprendre où elle voulait aller. Ensuite, les tournages ont été pour certains animés : difficulté de tourner avec des moutons ou dans un lieu démesuré avec une météo hostile dans les carrières de marbre, défi pour la composition du plan avec les kaplas. Contrainte de couleurs, de tempo...

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/agnes-guillaume/days-after-days/

Institut d'Auvergne du Développement des Territoires

51 Bd François Mitterrand, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi de 8h à 19h30

Scott HESSELS

☆ Below Victory : The Data ☆

2022 | ÉTATS-UNIS

Memoria Hospitis : Impressions numériques en réalité augmentée inspirées de données recueillies par Scan GPR des sous-sols gallo-romains de la place de la Victoire | Light : Impressions numériques, interprétation de données recueillis par scan GPR des sous-sols gallo-romains de la place de la Victoire  | Design en trompe-l’œil avec Zita BARBERDirection artistique pour l’impression et la réalité augmentée avec Thomas LEUNG.

Recherche avec Márton TOKES.

 

Comment décririez-vous cette installation ? Que voit t'on ? Qu'entend t'on ? Qu'y fait t'on ?

Les œuvres sont deux séries d'un plus grand groupe d'œuvres d'art sous le nom de "Below Victory".  Cette exposition comprend quatre grands tirages avec réalité augmentée et deux autres tirages dans des caissons lumineux faits sur mesure. 

 

De quoi ça parle ?

En collaboration avec un géologue et un archéologue, nous avons scanné la place de la Victoire à l'aide du Ground Penetrating Radar. Il s'agit d'une nouvelle technologie scientifique qui envoie des ondes sonores dans le sol et lorsque le son rebondit sur différents éléments souterrains (roche, eau, tuyaux, etc.), on peut obtenir une image de ce qui se trouve sous terre. C'est la capture d'un écho à travers la pierre. Lorsque vous vous tenez sur une montagne et que vous criez, plus vous vous éloignez de l'autre côté, plus il faut de temps pour entendre votre écho.  Le GPR utilise cette idée pour créer un modèle 3D des ruines du temple romain qui se trouve sous la place.

Je fais de la visualisation de données expérimentales. J'ai utilisé les données du scanner radar pour créer des images. Mais ces images ne sont plus scientifiques, elles espèrent faire réfléchir les gens à de plus grandes idées. Les tirages montrent des versions très folles des résultats du scanner - vous pouvez reconnaître la cella du temple, la cour et les piliers - mais ils sont cachés par des éléments de la nature.  Dans mes photos, les ruines sont derrière les nuages, sous le sable, dans la pierre.  La RA montre un texte écrit par PASCAL, un philosophe du XVIIe siècle, qui s'entrecroise avec des données techniques sur le site. Les choses de notre histoire sont cachées par la nature, mais sont révélées par les nouvelles technologies et un apprentissage plus approfondi.

 

Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d'élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

Nous avons réalisé un énorme trompe-l'œil sur la place de Videoformes 2021 l'année dernière, en mars, comme première œuvre d'art du projet.  Plus de 180 mètres d'autocollants d'illusions d'optique étaient disposés sur le sol de la place.  Les illusions suggéraient une fouille archéologique d'un vieux manoir.  Il s'agissait de portails menant à une maison souterraine imaginaire - escaliers, puits, conduits.  Les images étaient destinées à nous rappeler les foyers brisés qui se trouvent sous chaque victoire.  Nous nous souvenons des vainqueurs de l'histoire, mais nous ne pensons pas autant à ce qui a été perdu ou à ce qui est mort.  Un film réalisé par un drone le montre joliment : 

http://www.scotthessels.com/#!/en_project/Below-Victory 

L'automne dernier, j'ai créé plus de 200 animations et images graphiques différentes à partir de ces données et j'ai réalisé un court métrage documentaire sur la technologie et le processus. Ces deux caissons lumineux et ces quatre impressions sont les dernières œuvres du projet et c'est leur première.

La zone de balayage était de 23m x 23m et de 9m de profondeur. Le radar crée un "nuage de points"... imaginez une boîte flottante de 23x23x9 cm remplie de 140 millions de points.  En reliant tous ces points de différentes manières, je pourrais créer BEAUCOUP de motifs et de styles différents.


Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

J'étais un cinéaste et un programmeur qui aimait les sculptures Earthworks ou Land Art. Les Earthworks étaient des œuvres d'art placées dans la nature, généralement faites de sable, de pierre ou d'eau, et qui changeaient avec le temps en raison des forces naturelles (vent, soleil, pluie, marées, etc.). J'ai commencé à travailler avec des scientifiques qui disposaient de technologies et de capteurs pour "lire" ces forces et ces effets. Le GPR est une technologie très récente. Pour moi, c'est comme jouer avec un nouveau jouet qui me donne une nouvelle façon de comprendre la nature.


Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?
La pandémie bien sûr. La place a été fermée rapidement après l'un des lockdowns, je n'ai pas pu venir à Clermont-Ferrand et voir mes amis là-bas. Je vis à Hong Kong, c'était très difficile de faire des œuvres d'art à distance. C'est aussi moins amusant.

 

Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l'on peut voir votre travail ?

Mon portfolio se trouve à l'adresse www.scotthessels.com. L'image du milieu renvoie aux grandes impressions que nous avons réalisées en 2021. Vous pouvez également voir de nombreuses machines de cinéma durable, des sculptures cinétiques qui utilisent l'énergie naturelle pour créer des images en mouvement. L'une d'entre elles a été présentée en France il y a quelques années et c'est ainsi que je me suis lié d'amitié avec Videoformes.


Quelques mots-clés qui s'accommoderaient bien à votre installation ?
Art+Science, géoradar, capteurs, visualisation de données, arts de l'information, art public, archéologie, géologie, modélisation 3D.


Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l'art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Je suis un artiste qui travaille en partenariat avec des organisations scientifiques depuis des décennies, ce qui signifie que je suis toujours en train de voyager dans de nouveaux endroits, d'apprendre de nouvelles technologies, d'approfondir mes connaissances de la nature et de nouer des liens avec certains des chercheurs les plus dévoués et les plus brillants du monde. Je fais de l'art depuis que je suis enfant, mais les progrès de la science et de la détection informatique vers 2000 m'ont permis de disposer de nouveaux outils qui m'ont également offert une belle carrière.

 

La question n'est pas de savoir si je peux vivre de mon art, la question est de savoir si je peux vivre sans art. J'ai du travail régulier pour les cinq prochaines années, j'ai beaucoup de chance, mais je ferais des choses même s'il n'y avait pas d'argent. C'est ce qui me rend heureux.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/scott-hessels/

Galerie Claire Gastaud

5/7, Rue du Terrail, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 14h à 19h

Erik SCHMIDT 

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/erik-schmidt/

Centre Camille-Claudel

 3, rue Maréchal-Joffre, Clermont-Ferrand

Du mardi 22 mars au samedi 2 avril 2022

Horaires d'ouverture : Du mardi au samedi de 13h à 19h

© Archéologie d’aujourd’hui / Collège Saint-Joseph, Aubière - David BLASCO / 2021

 

☆ Installations JEUNE VIDEO ☆

 

Chaque année, des artistes sont accueilli·e·s dans les classes ou les ateliers d'établissements scolaires d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Les enfants, en complicité avec l'artiste, sont invités à concevoir, réaliser et donner à voir une installation vidéo.
L'action se finalise par une exposition collective de tous les établissements participant, et de son vernissage, à la même période que les autres expositions du festival VIDEOFORMES.
Cette année, ce sont Amélie SOUNALET, Arnaud SIMETIERE, Marie ROUSSEAU, David BLASCO, Jeremy TATE qui ont apporté leur sensibilité et leur technique auprès du jeune public.

 

Pour davantage d'informations : https://videoformesjeunespublics.jimdofree.com/peac-installations-jeune-video/2022/

Galerie Dolet du CROUS

25, Rue Étienne Dolet, Clermont-Ferrand

Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi de 8h à 16h

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

☆ Video Art Academy ☆

2022 | Vidéos issues des travaux d’établissements d’enseignement supérieur

 

Depuis 2014, dans le but de valoriser les créations produites dans les établissements d’enseignement supérieur (écoles d’art, universités...), VIDEOFORMES invite les enseignants et leurs étudiants à vivre une expérience professionnelle dans une manifestation internationale et à se confronter à d’autres cultures de l’image en mouvement. La sélection 2022 présente des travaux issus de 5 écoles.

 

Pour davantage d'informations : https://festival2022.videoformes.com/expositions/video-art-academy/